Åsa Simma
kantreadez diharz
Cette petite fille qui grandit en nomade dans une famille Same est aujourd’hui une dramaturge reconnue dans tous les pays scandinaves, mais aussi au sein de projets interculturels ambitieux. Se jouant des frontières, dans l’espace comme dans le temps, détournant les codes et même les panneaux officiels comme elle le fait dans son merveilleux court-métrage, Sieidi - La pierre sacrée, réalisé en 1995. Åsa y conjugue humour et sens du sacré, comme dans la vraie vie !
Åsa Simma est née et a grandi dans le Lappland suédois, en pays same, ce qui est essentiel dans la construction de son travail artistique et identitaire. Elevée dans une famille d’éleveurs de rennes, nomades migrant entre le nord de la Suède et la Norvège, au gré des saisons, elle y a appris une grande mobilité et se joue des langues aujourd’hui. “Où que je sois, le sentiment de la maison, de mon appartenance, est à l’intérieur de moi, et je peux le transporter partout avec moi.”
Sa mère lui enseigna secrètement l’art traditionnel du chant same, appelé Joik ( prononcer yoïk ) à une période où celui-ci était interdit, au coeur des années 60. Cette interdiction est en place depuis la fin du XVIIème siècle, et la christianisation de ces peuples va constituer un véritable génocide culturel. Pourtant, le Joik va traverser toutes ces épreuves et survivre. Åsa consacrera d’ailleurs par la suite du temps et de l’énergie afin de reconquérir cette liberté de chanter.
Elle déménage pour le Danemark, où elle plonge littéralement dans le monde du théâtre. Elle y multiplie les expériences. Lorsque on l’interroge sur son désir de film, elle dit avoir trouvé tout naturel de passer du théâtre très visuel, très pictural, qu’elle pratiquait, à la fiction. Cette habitude du cinéma lui vient aussi de l’enfance, où elle a participé à de nombreux tournages, du fait de ses talents de chanteuse. Åsa aime à dire “ Quand je suis devant une belle montagne, cette beauté-là crée le son en moi, la mélodie, et je ne suis qu’un outil au service de cette mélodie.”
Åsa Simma a toujours été active dans la lute globale pour la reconnaissance des peuples indigènes. Elle a travaillé avec des Aborigènes d’Australie, vécu avec des Inuit du Groënland et partagé le quotidien d’Amérindiens, dans le nord américain. Aujourd’hui, elle explique que c’est au contact de ces peuples autochtones qu’elle a développé une compréhension plus fine, plus aiguisée, de ses propres racines. Avec le désir de les célébrer au travers de créations artistiques et de performances.
Marier ces valeurs traditionnelles de la culture same avec les medias les plus modernes et ses expériences théâtrales, c’est aujourd’hui le credo d’Åsa. “Utiliser sur scène des images d’archives anthropologiques et les croiser avec la “sauvagerie” de la voix et du chant yoik, imiter les cris des animaux et raconter en même temps la journée typique d’une famille same, voilà ce que j’aime tenter !”
Aujourd’hui, elle travaille comme scénariste dramaturgiste au sein du International Sami Film Centre, un organisme de promotion de la culture same, établi à Kauteikeno, en Norvège. Au fil des productions et formations qui y sont dispensées en audiovisuel, le chemin est toujours le même : tenter de tisser ensemble les valeurs traditionnelles same les plus anciennes avec les technologies et écritures d’aujourd’hui.
A la barre, entre écrans et web-sites, le capitaine Åsa Simma, féministe et drôle, n’en finit pas de chanter dans la langue de ses ancêtres !
Partez nomadiser sur http://www.isf.as/, le site de l’International Sami Film Centre.
Crédits photographiques : Anette Nantell
Un clip réalisé en amont de Umeǻ2014, capitale culturelle d'Europe, tissant histoire et culture sami.
Une vieille femme veille sur la pierre sacrée, lieu magique, où le temps s'arrête. Un jour, un panneau indicateur est installé drainant de nombreux touristes et troublant la quiétude des lieux ... A travers l'histoire de cette femme, le (...)