Céline Dréan

Pionnière du web-documentaire en Bretagne

Les premières amours de Céline Dréan sont dédiées à l’animation. Puis, elle se destine à la production, elle est attirée par l’écriture.
Finalement, après avoir négocié avec talent tous les virages sur son parcours, Céline confirme un beau parcours de réalisatrice.
Se plongeant dans le monde de la BD, ciselant de superbes portraits, innovant ensuite avec le premier web-documentaire important, réalisé et produit en Bretagne, Dans les murs de la casbah. Et elle n’a visiblement pas fini d’inventer de nouvelles passerelles.

« En fait, je ne crois pas avoir eu un désir de film très profondément ancré en moi, au début, même si je faisais des études de cinéma.
J’ai commencé à travailler en production avant de réaliser, mais au sein d’une équipe qui a su aiguiser mon amour pour ce métier : Vivement Lundi, à Rennes. J’ai même arrêté un temps mon mémoire de ciné, je travaillais alors sur les films Romance de Catherine Breillat et Intimité de Patrice Chéreau. Et puis il y avait tout mon engagement autour de Travelling, la manifestation rennaise de cinéma, pour laquelle je bossais.

En revanche, j’aimais vraiment aider des auteurs à écrire pour le cinéma, au stade de la production, en tout cas. C’est alors que je me lance, avec Pollux superstar, une co-réalisation avec Jean-François Le Corre, producteur de Vivement Lundi, en 2004 ; puis je tourne deux ans plus tard Rodrigue, as-tu du cœur ?, qui part sur les traces du Cid et de Corneille. »

Depuis quelque temps, Vivement Lundi a initié cette jolie collection de films qui s’intitule « L’Histoire par la bande » et qui permet de découvrir des auteurs de bandes dessinées, en images et au fil de leurs ouvrages.
Pour Céline, ce sera Emmanuel Guibert, qui a collaboré au beau récit du Photographe (avec Didier Lefèvre, photographe en Afghanistan) et qui signe un portrait attachant d’Alan Ingram Cope, vétéran de la guerre du Vietnam. La Mémoire d’Alan (2007) part donc à la découverte d’Emmanuel et la bande dessinée est le support de bien belles rencontres et confidences. Céline est dans son élément, et le Veilleur, en 2010, vient confirmer sa propension à nous offrir des portraits pudiques et ciselés.

Là encore, c’est à travers une trilogie, éditée chez Delcourt, que Céline approche le personnage du peintre, Séra, Franco-Cambodgien en exil à Paris. Une narration complexe, une esthétique bouleversante, autant de raisons pour Céline de creuser et d’aller plus loin. Au-delà des silences, avec le gage de la confiance que Séra lui accorde, elle réussit encore une fois à nous toucher, nous aussi.

« On ne comprend pas tout de suite pourquoi un film est important pour soi-même.
C’est après que je me suis rendue compte que j’avais suivi un chemin, qui croisait mémoire, filiation, hérédité, qui tissait une réflexion sur ce que l’on garde… et ce l’on ne garde pas. Quelque chose qui résonnait avec mon propre parcours. »

Survient alors la rencontre avec un Rennais chercheur en sociolinguistique, Réda Sebih, qui va embarquer Céline dans une autre aventure : ce sera celle de Dans les murs de la casbah, un web-documentaire produit par Vivement Lundi en 2011, avec le soutien de toute une équipe. Parmi eux, Aurélie Angébault, productrice, et Jean-François Le Corre, bien entendu.

« C’est un projet choral, qui voulait à la fois toucher le grand public et faire intervenir des universitaires, qui devait tenir compte des différentes dimensions spatiales de la casbah d’Alger, cette enclave millénaire au cœur de la ville blanche, chargée d’histoire mais habitée au quotidien, arpentée par les autres. Il fallait donc inventer et délimiter des espaces de déambulation dans la casbah, des espaces chercheurs, établir des passerelles. Toute une réflexion qui m’a passionnée et orientée vers la structure du web-documentaire.
Celui-ci permet, me semble-t-il, de développer une pensée élaborée et riche, mais oblige à faire le deuil de la narration linéaire. Je ne cache pas que j’ai été bousculée par ces nouvelles contraintes, la durée et la lourdeur du projet, mais je suis fière aujourd’hui que les Algériens aient ainsi accès à leur propre histoire, si facilement, sur la Toile et à toute heure, en accès libre. »
Ce web-documentaire a été primé à de multiples reprises, dans le monde entier.

Ensuite, il y aura Pascaline et Klara, en 2013, chronique autour de deux étudiantes qui s’interrogent sur leur avenir. Une sociologie du quotidien, tendre et animée.

Aujourd’hui, la voici revenue pour un moment à ses premières amours, l’animation, avec Dis-moi, Dimitri, toujours pour Vivement Lundi. Et un projet de documentaire long dans sa besace…

Au pays du documentaire, Céline Dréan cherche encore et toujours à inventer !

FILMOGRAPHIE

  • 2004 Pollux super-star
    26', avec JF Corre, Vivement Lundi
  • 2006 Rodrigue, as-tu du coeur ?
    26', Vivement Lundi
  • 2007 La mémoire d'Alan
    27', Vivement Lundi
  • 2010 Le veilleur
    52', Vivement Lundi
  • 2012 Dans les murs de la casbah
    Web-documentaire, Vivement Lundi
  • 2013 Pascaline et Klara, étudiantes cherchent avenir
    52', Mille et une Films
  • 2014 Dis-moi Dimitri
    Web série, 26 x 2’, Vivement Lundi !, Nadasdy Film, France Télévisions Education, RTS
  • 2016 Brest 1937, le dessous des cases
    Web-documentaire, Vivement lundi, Futuropolis, KuB, France 3 Nord-Ouest