Foued Bellali
Entre Maroc et Belgique
Foued Bellali, caméra et détermination en bandoulière
Foued a décidé que la caméra serait un des outils de son combat contre les discriminations. Il s’en sert aux côtés de Bahar Kimyongür, menacé d’extradition vers la Turquie, au centre du film Résister n’est pas un crime, co-réalisé avec Marie-France Collard et Jérôme Laffont en 2007. Un film pour ouvrir grands les yeux sur les restrictions de libertés, dans toute l’Europe.
Foued reste optimiste, retourne au Maroc de ses parents, aime se battre pour la double culture dans sa Belgique natale. Déterminé.
Son premier film, Rue du Nord, est un film collectif, tient tout de suite à préciser Foued. « J’ai appris en autodidacte, avec l'aide des réalisateurs Laurent Van Lancker et François Ducat. Ensuite, j’ai sué pendant des mois sur le montage, avec les co-réalisatrices… Aujourd’hui, j’ai compris, et je m’entoure de monteurs ! »
Suivra Place Belgique en 2006, sur la double culture, dans lequel une jeune fille ironise : « Discrimination positive ? Ça ne peut pas exister ! »
Aujourd’hui ? Depuis plus de dix ans, Foued, citoyen belge d’origine marocaine, tient à bout de bras, c’est-à-dire avec très peu de subventions et surtout des fonds propres, l’association 2Bouts. Le chiffre 2 pour dire la double culture, dit celui qui a appris jeune avec un père berbère et une mère arabe que cette dualité pouvait être une chance. Foued parle arabe avec son fiston et se réjouit chaque fois qu’il l’emmène au Maroc. Mais c’est en Belgique que se situent ses combats.
Au sein de 2Bouts, il conjugue animation, formation, éducation aux médias et ateliers vidéo. Déconstruire les clichés sur l’immigration est vital, dans un pays qu’il estime plus respectueux des droits des immigrés que la France, mais où il sent monter depuis dix ans les idées de l’extrême droite, véhiculées aujourd’hui par des partis traditionalistes. Il s’insurge contre tous ces discours fabriqués, et c’est pour cela qu’il redonne la parole aux descendants d’immigrés eux-mêmes dans Place Belgique, une guirlande de témoignages recueillis en 2006. L’année 2007 le voit rencontrer le Clea (Comité pour la liberté d’expression et d’association) et s’engager aux côtés de Bahar Kimyongür, ce jeune Belge d’origine turque encore menacé aujourd’hui.
« Il fallait tourner dans l’urgence, les attentats du 11 Septembre ont permis de durcir la législation. Bahar est soupçonné de terrorisme pour avoir soutenu le DHKP-C, qui s’attache à dénoncer les violations des droits de l’homme en Turquie. Menacé d’extradition, emprisonné à de multiples reprises, il est un symbole universel de la criminalisation de militants dans le monde entier. Allez donc vous renseigner sur le site du Clea !
Ce film est un acte, une façon de résister dans un pays que j’apprécie par ailleurs pour son accueil, sa façon de prendre en compte l’immigration. Même si, aujourd’hui, je sens que les choses se durcissent, je reste fondamentalement optimiste et très réaliste. »
Preuve en est son dernier film, co-réalisé avec François Pirotte, Cuire ensemble, achevé en 2014 après deux ans de tournage dans des ateliers de cuisine. Comment des Maghrébins, des Russes, des Italiens, des Ivoiriens et des Belges cuisinent ensemble et se découvrent peu à peu. Tout est dit autour des marmites pour ces personnes en situation difficile, qui apprennent aussi le français dans ces ateliers. « C’est à cette société que j’aspire, un monde sans stigmatisation des Arabo-musulmans, sans discours de haine, juste un bon fumet qui monte des fourneaux », conclut Foued dans un grand éclat de rire.
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