Michel Brault
Un des pères du cinéma direct
Dans les années 1960 émerge en Europe et sur le continent nord-américain l’aventure du « cinéma direct » ou « cinéma du vécu », qui révolutionne la conception du cinéma documentaire, et ouvre la voie à une forme moderne du cinéma, fiction comprise, plus spontanée et ouverte sur le monde. Michel Brault, le Québécois, reste le personnage central de cette effervescence.
Michel Brault est à cette époque le meilleur sur la planète pour libérer l’usage de la caméra et se permettre de filmer « du milieu et à hauteur d’homme ». La caméra à l’épaule, cet athlète invente la caméra qui marche, affichant cette volonté politique d’un cinéma qui doit s’ouvrir à un monde qu’il avait, à de rares exceptions près, ignoré.
Revendiquant la nécessité du travail en équipe réduite autonome et complice, Michel Brault, avec ses amis québécois, anticipe la démarche du cinéma direct synchronisé avec le magnétophone (Nagra). Cette démarche favorisera l’immersion dans le groupe humain, non pas que l’on filme, mais avec lequel on réalise le film en train de se faire.
Une attitude éthique qui s’affranchit du commentaire et de l’interview, pour faire advenir une parole vivante des êtres, jusqu’ici réduite au silence par le cinéma du passé.
Son complice de Pour la suite du monde, Pierre Perrault, lui rendra hommage avec ces mots : « Son œil qui marche, qui navigue, qui chevauche, qui roule, qui rampe. L’image du centaure s’impose à l’esprit. […] Michel, comme un centaure, pour décupler son humanité, prolonge l’œil et l’oreille et transforme en mémoire indélébile tout ce qui tombe sous le sens. »
Les limites de l’expérience documentaire amèneront Michel Brault à se saisir de la fiction pour exprimer des réalités que l’on ne peut filmer en direct. Les expériences du direct lui serviront à travailler les rôles des acteurs entre le « joué et le vécu ».
Michel Brault tournera souvent en France des documentaires, à la demande de ses amis Jean Rouch (Chronique d’un été) et Mario Ruspoli (Les Inconnus de la terre).
En Bretagne, il réalisera Les Enfants de Néant (1968), portrait d’un agriculteur qui embauche chez Citroën à Rennes. Pour la série Le Son des Français d’Amérique, avec André Gladu, il fera une escapade en Centre-Bretagne, à la rencontre des musiciens et chanteur traditionnels. Parmi eux, Manu Kerjean.
Michel Brault nous a quittés le 21 septembre 2013. Il était une fois de plus en voyage…
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